Jérôme Nédeau | France
Et ce rêve, c’est celui-là :
« Nous sommes dans quelques années (et pas bien plus) et dans la belle et aimée Louisiane, on peut désormais vivre à nouveau en français.
Sous la pression de la jeune génération, les représentants de l’Acadiane sont enfin allés porter le flambeau à la Chambre à Bâton-Rouge. Certes, la lutte n’a pas été simple . . . Il a fallu se convaincre et convaincre à la fois, s’organiser, se décider et puis encore ensuite y aller, à toutes ces marches-là et à tous ces sit-in, avec la famille, les tits enfants et les vieux parents (les uns et les autres voulaient pas venir !). Et alors, la résistance de l’état et de Washington a été farouche, redoutable parfois. Peut-être même que ça a fait du mal . . . Mais, ça y est, asteur c’est fait, les services publics doivent désormais être accessibles en français, au côté de l’anglais, dans TOUT le sud de l’État ! Et aussi à la Ville et dans toutes les autres communautés ailleurs dans la Louisiane qui pourraient se porter volontaires. Charge aux gouvernements des paroisses et aux communautés de mettre en musique le décret de la Chambre . . . avec les piastres de l’état !
A la suite, l’Acadiane reçoit également enfin une existence officielle, avec la délégation de l’État de la Louisiane pour l’organisation de la culture, de l’éducation, voire peut-être même pour la question de l’environnement. Depuis la triste fondation des réserves des Amérindiens par le BIA, c’est bien la toute première fois qu’une telle entité, avec une vraie autonomie, se crée aux Etats-Unis à côté des états ; mais ce coup-ci, pour sûr, ça sera pour le meilleur . . .
Les compagnies sont incitées par des mesures fiscales à mettre en œuvre leurs services en français, au côté de l’anglais, dans leurs activités locales, ainsi qu’à autoriser le français comme langue au travail, quand c’est possible.
En parallèle, la Louisiane, avec d’autres états, a su convaincre le gouvernement à Washington de ramener (enfin !) les Etats-Unis dans le giron de l’UNESCO (et que la cotisation soit payée !!!). En réponse et en remerciement, l’organisation classe les bayous et l’Atchafalaya, ainsi que le Vieux Carré à la Ville, sur la liste du Patrimoine Mondial de l’Humanité. Mais aussi la culture cadienne et créole de la Louisiane (langue, musique, cuisine et tout et tout !) sur la liste du Patrimoine Immatériel . . . Et des crédits sont débloqués à la suite par l'ONU pour sauver à tout prix les paysages et écosystèmes louisianais, malgré les ouragans, les « oil spills » et la montée des eaux.
Alors, les cousins français, haïtiens, canadiens, antillais, québécois, africains, belges et suisses se pressent encore et encore davantage pour venir vous rencontrer et vivre la Louisiane avec vous en français louisianais. Des contacts sont noués, des amitiés se créent, des échanges se font de part et d’autre de la Grande Eau, cher, parfois pour la vie ! Et c’est toute la grande fraternité francophone (la fraternité, cette grande idée, inscrite dans la devise de ma République et toujours moquée par les Anglais - on s’en fout, on pourra pas nous l’enlever . . .) qui s’anime et vit sa propre vie.
Il ne reste plus à l’Organisation de la Francophonie qu’à reconnaître le grand chemin accompli et accorder à la Louisiane le statut de membre à part entière, avec le droit de vote associé. Et personne à Washington n’ose dorénavant s’y opposer. Dès lors, les Louisianais viendront y porter haut le flambeau pour tous les francophones américains : pour eux-mêmes d’abord, mais aussi pour tous ceux du Maine ou du New Hampshire, ou encore des communautés métis des Dakota qu'asteur personne n'aperçoit . . .
A ce moment-là, tous, dans la Louisiane cadienne et créole, se verront comme la grande et belle nation qu'ils auront su créer au sein des États-Unis d’Amérique (nation qu’elle était déjà en fait depuis toujours, en gestation, en devenir), avec sa belle histoire, ses grands faits et ses gestes. Tous dans la Louisiane, mais aussi tous ailleurs aux États-Unis, dans toute la Francophonie et le reste du monde.
Alors, à la date qui fera sens, chaque année, tous dans la Louisiane se rassembleront, se réjouiront, chanteront et danseront au son du violon, de l’accordéon et du grattoir. Ils penseront peut-être aussi aux anciens qui ont vécu et ne sont plus. Malgré la joie du moment, c’est possible qu’ils pleurent à leur mémoire, à leur histoire, à leur contribution au pays. Alors les vieux, de là-haut, viendront sécher leurs larmes avec un souffle d’ange, car brillera alors dans leurs yeux, qui contemplent désormais passé, présent et futur, l’éclat intense de l’immense fierté retrouvée.
Et les feux d’artifice bleus, blancs, rouges et jaunes pourront ensuite éclater pour que toujours, toujours, dans la Louisiane relevée, on laisse les bons temps rouler.
Car en vérité, les jolis temps passés ne mourront plus jamais ; ils se vivront désormais drette-là tous les jours, icitte dans la belle nation louisianaise.
Je vous aime tous. »
« Ecoutez ce n’est plus un rêve!
Ecoutez ces puissantes voix
Une immense Hosanna se lève
Du sud et du nord à la fois
Louisiane, fière reine
Redresse ton front indompté
C’est ta fête, O ma souveraine
La fête de ta liberté
Debout fait flotter ta bannière
Renée à la force et à la foi
Et dans des torrents de lumière
O mon pays réveille-toi
Louisiane réveille-toi! »
Lost Bayou Ramblers « Le réveil de la Louisiane »
Jérôme Nédeau est ingénieur en informatique et en génie industriel en France. Il a vécu à Montréal pendant presque deux ans il y a vingt ans, et il se passionne pour l'histoire de la Nouvelle-France et pour la cause des Français d'Amérique, qu'ils soient Cadiens, Houmas, Fransaskois, Créoles de la Louisiane, d'Haïti ou d'ailleurs.
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