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Et les autres francophones de l'Amérique?

Dakota Clark | D'Iberville, Mississippi


On sait bien que la Louisiane est historiquement francophone, mais il y a d’autres lieux en Amérique qui étaient (et sont toujours) francophones. Que peut-on faire pour eux ? Il n’existe pas de marché pour les francophones du Maine ou du Missouri, donc les Anglos s’en fichent car il n’y a pas quelque chose à acheter. Il n’y a pas de Cadiens là-bas, et les francophones de ces lieux sont donc oubliés par leurs cousins louisianais. C’est ridicule, et si l’on a presque perdu notre langue et culture, on est obligé de protéger la langue et culture de nos amis, nos cousins, nos frères qui ne sont pas louisianais.


Laissez-moi être clair : Je ne parle pas du Québec (bien que je soutienne un Québec libre). Il existe un système qui protège la langue québécoise, on ne doit pas s’inquiéter pour eux. Quand même, les Québécois ont une grande place dans le monde et ils ont des partis politiques qui luttent pour eux dans le gouvernement canadien. Mais les francophones du Maine ou du Missouri ? Non. Il n’existe rien dans les États-Unis pour eux*. Et pour la Louisiane, le mouvement pour protéger la langue française dans l’État existe seulement depuis les années soixante. Oh oui, le CODOFIL se bat encore, mais la langue française n’est pas administrative en Louisiane, seulement « culturelle » ou « historique ». Ce n’est pas assez, ni pour la langue française ni pour les francophones des États-Unis.

            

Alors, vous me demanderiez « pourquoi vous dites cela ? C’est plutôt pessimiste, non ? » Un peu, oui, mais c’est aussi réaliste. Si la langue française doit avoir une place aux États-Unis, on doit alors lutter fortement. On doit avoir des régions qui sont seulement francophones ; on doit enseigner à parler français aux enfants et aux adultes ; on doit demander aux politiciens de légiférer pour protéger la langue française de façon administrative. Vous pourrez me dire « Bah, c’est radical. Nous sommes des ouvriers, des fermiers, des étudiants. Pourquoi nous demandez-vous de lutter comme ça ? » Voici la mentalité qui tue un mouvement. Ou alors, c’est la mentalité qui a presque tué la langue française en Louisiane. La mentalité qui dit « oh, je ne peux pas parler français à mes enfants, ça pourrait les freiner dans la vie. » Si vous trouvez cela acceptable, vous n’êtes ni mon ami ni mon frère.

            

Et si on lutte pour notre culture, on doit lutter pour la culture de nos cousins du nord.  Même pour le Québec, parce que je rêve d’un Québec libre, et d’une Louisiane libre. Oui, je suis peut-être radical, même fou, mais le temps me force à être cela. Combien de gens ont des familles qui parlaient français mais ne le parlent plus ? Combien de gens regrettent leur décision de ne pas enseigner le français à leurs enfants ? Combien ? Avez-vous la réponse ? Moi, non.


En tout cas, la lutte n’est pas terminée.


Le soleil va bientôt se lever, et l’aube brillera en Louisiane, au Maine, au Missouri, et au Québec.


J’y crois, et vous ?

 

*Note de la rédaction : Il y a tout de même le Bureau des affaires franco-américaines de l’Université du Maine, voir https://umaine.edu/francoamerican/centre/

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