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« Huckleberry Finn » : une traduction en français louisianais (Chapitre I)

Gavin Thibodeaux | Crowley, Louisiane Note des éditeurs : Depuis quelques temps asteur, nous observons avec intérêt les efforts de Gavin Thibodeaux pour traduire le roman « Les Aventures de Huckleberry Finn » de Mark Twain en français louisianais familier en tant que projet personnel. Nous présentons icitte le premier chapitre de son œuvre, ce qu'il nous a généreusement permis de partager avec notre lectorat. Comme les membres de notre équipe, Gavin est toujours étudiant de la langue française et espère que vous pardonnerez les erreurs. Bravo, Gavin, et ne lâche pas !

« LES AVENTURES DE HUCKLEBERRY FINN »


CHAPITRE I


Toi tu m'connais pas si t'as pas lu un liv' qui s'appelle "Les Aventures de Tom Sawyer", mais ça fait pas arien. C’est M. Mark Twain qu’a fait ce liv’-là, et lui il a dit la vérité plus ou moins. Quèquefois il élongeait les faits, mais pour la plupart c’était la vérité. Ça c'est pas arien. Tout quèqu'un a menti une ou deux fois, ebsèpe Tante Polly, ou la veuve, ou peut-être Mary. Tante Polly — ça c'est la tante à Tom — et Mary et la Veuve Douglas, ce liv'-là les a tout détaillé, et c’est vrai principalement, avec quèques menteries comme j'ai dit.


Et là le liv' finit comme ça : Tom et moi on a trouvé l'argent que les brigands avaient caché dans la caverne, et ça nous a rendu riches. On a reçu chacun six mille piasses — tout l'or. Ça c'était quèque chose, tout entassé. Eh ben le Juge Thatcher il a pris l'argent et il l'a fait rapporter de l'intérêt. Ça, ça nous a gagné une piasse par jour toute l'année — plus qu'on pourrait connaître quoi faire. La Veuve Douglas a' m'a pris comme son fils, et alle était résolue de m'siviliser ; mais ça chauffait, viv' à la maison tout l'temps, par rapport à toutes les monyères de la veuve, si tellement prop' et si tellement de règles; et là équand j’pouvais pus le supporter, j'ai parti marron. J'ai mis mes vieux haillons et rentré dans mon boucaut à suc’, et j'étais lib' et content. Mais Tom Sawyer il m'a trouvé et il m'a dit qu'il aurait monté une bande des brigands. Il a dit que j'pourrais les joindre si je retournerais à la veuve et je serais respectable. Ça fait j'ai retourné.


La veuve a’ braillait pour moi, et a' m'appelait un pauv' agneau perdu, et a' m'appelait un tas des autres noms aussi, mais c'était jamais mauvais, tu connais. A' m'a fait remettre ce bon linge, et moi j'pouvais faire rien que suer suer et j'me sentais tout emplâtre. Ben là, la vieille affaire a recommencé. La veuve sonnait la cloche pour le souper, et il faulait que tu rentres à l'heure. Équand t'arrivais à la table tu pouvais pas jusse commencer à manger mais il faulait t'espères que la veuve baisse la tête et grogne pour le manger, quand même qu'il y avait pas arien avec, — enfin, arien autre que tout quèque chose était cuit seul. C'est différent avec un méli-mélange des ingrédients ; les choses se mêlaillont, et le jus s'entremêle monyère, et les choses s'abonnissont.


Après le souper, alle a sorti son liv' et a' m'a appris de Moïse et les Jeans, et j'avais envie d’en découverre plus sur lui; mais à la longue alle a laissé échapper que Moïse était mort longtemps; alors là je m’en ai pas fiché, parce que moi j'me fie pas aux morts.

Talheure moi j’voulais fumer, et j'ai demandé à la veuve de m'laisser fumer. Mais elle a' m'a laissé pas le faire. Alle a dit que c'est une habitude chétie et c'est pas prop', et alle a dit qu'il faut j'assaye de pus le faire. C'est comme ça que du monde est. Ça condamne quèque chose que ça connaît arien. Ici, alle était après jongler à Moïse, qu'était pas parent avec elle, et qu'était pas utile pour personne, à cause de sa mort, tu vois, mais alle était après me mépriser parce que je faisais une chose qui fait du bien. Et elle a' reniflait le tabac, aussi ; naturellement, c'était bon, parce qu'a' le faisait soi-même.


Sa sœur, Mlle Watson, une vieille fille monyère maig' qui portait les lunettes, a’ sortait de venir pour rester avec elle, et alle a commencé à assayer de m'apprendre avec un liv' d'esplage. A' m'a fait travailler dur pour à peu près une heure, et là la veuve l'a fait arrêter. J'aurais pas pu le supporter plus longtemps. Alors pour une heure c'était bien ennuyant, et j'étais nerveux. Mlle Watson disait, "Ôte tes pieds d'là, Huckleberry ;" et "Tiens-toi debout, Huckleberry ;" et talheure a' disait, "Arrête de bâiller et t'allonger comme ça, Huckleberry — conduis-toi!" Épuis a' m'a dit de l'enfer, et moi j'ai dit que j'avais envie d'être là. Et là a' s'a fâché, mais j'avais pas de mauvaises idées. Je voulais jusse aller quèque part ; je voulais jusse un changement, j'étais pas fionneux. Alle a dit que ça c'était mauvais de dire ce que j'ai dit ; alle a dit qu'a' dirait pas ça pour tout l'or du monde ; alle allait viv' comme ça pour aller au paradis. Mais, j'voyais pas l'avantage d'aller éyoù ce qu'alle allait, ça fait j'ai fait mon idée j'aurais pas assayé d'arriver là. Mais j'ai pas dit ça, parce que ç'amenerait jusse du tracas et ça ferait pas d’bien.


Et là alle avait commencé, et a' s'a continué et a' m'a dit du paradis. Alle a dit que tout ce qu'un boug' aurait eu pour faire c'est marchailler toute la journée avec une harpe et chanter, dans les siècles des siècles. Ça fait j'le trouvais pas important. Mais j'ai jamais dit ça. Je lui ai demandé si a' croyait que Tom Sawyer aurait été là, et alle a dit que ç'avait pas d'apparence. J'étais content avec ça, parce que j'voulais qu'on soit ensemble, lui et moi.


Mlle Watson a' continuait à m'harasser, et je m'ai largué et je m'ai ennuyé. Talheure, ils ont été chercher les nègres et ils ont dit ses prières, et là tout chacun s'a couché. J'ai monté à ma chambre avec un morceau d'une chandelle, et je l'ai mis sur la table. Alors je m'ai assis sur une chaise auprès du châssis et j'ai assayé de penser à quèque chose de joyeux, mais c'était pas la peine. Moi j'voulais proche mourir à force que je m'ennuyais. Les étoiles brillaient, et les feuilles faisaient du bruit dans le bois tellement tristement; et j'ai attendu un hibou, au loin, après hou-hou de quèqu'un qu'était mort, et un feursie et un chien, après crier de quèqu'un qui allait mourir; et le vent était après assayer de chuchoter quèque chose à moi, et moi j'pouvais pas comprendre quoi c'était, et alors ça m'a fait frèmir avec les frissons frètes. Épuis j'ai attendu loin dans le bois cette sorte de son qu'un revenant fait équand il veut te dire de quèque chose qu'il jongle, mais personne peut le comprendre, alors il peut pas se reposer dans sa tombe, et il a pour faire comme ça tous les soirs en peine. Moi j'avais bien envie d'avoir de la compagnie à force que j'étais triste et j'avais peur. Après un bout d'temps une araignée a monté mon épaule, et je l'ai foutu un pichenet et a' s'a allumé dans la chandelle ; et avant j'pouvais me haler, a' s'a tout ratatiné. Personne avait besoin de m'dire que ça c'était un signe affreux et que ça allait m'attraper du badloque, ça fait j'ai eu peur et j'ai tremblé assez fort que mon linge a proche tombé. Je m'ai levé et j'ai tourné trois fois et j'ai croisé mon cœur chaque fois ; épuis j'ai tortillé une mèche de cheveux avec un fil pour chasser les sorcières. Mais j'avais pas d'confiance. Tu fais tout ça équand t'as trouvé un fer à cheval et tu le perds au lieu de l'attacher en dessus la porte, mais j'ai jamais attendu personne dire que ça c'est une monyère d'esquiver le badloque équand t'as tué une araignée.


Je m'ai rassis, tout tremblant, et j'ai sorti ma pipe pour fumer ; parce que la maison était tout tranquille comme la mort, et alors la veuve allait pas connaître. Eh ben, après un bon bout j'ai attendu la cloche au loin au village sonner — boum — boum — boum — douze coups; et tout tranquille encore — plus tranquille que jamais. Après un bout d'temps j'ai attendu une 'tite branche craquer dans le noir entre les arbres — quèque chose était après se remuer. J'ai resté tranquille et j'ai écouté. Carrément j'pouvais attendre monyère un "miaou! miaou!" là-bas. Ça c'était bon! J'ai dit, "miaou! miaou!" aussi doucement que j'pouvais, et là j'ai éteint la lumière et j'ai dégruché à travers du châssis et sur la cabane. Alors je m'ai glissé par terre et je m'ai exilé parmi les arbres, et bien sûr, Tom Sawyer était là, après m'espérer.

 

Note des éditeurs : Veuillez ne pas utiliser cet extrait sans d'abord consulter le traducteur, Gavin Thibodeaux.

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